Exposition “Monstres, Monstres de la mythologie à l’ornementation” – Thionville
La notion de monstre est très vaste. Elle peut définir une espèce existante mais présentant une anomalie concernant un nombre inhabituel de membres : un chien à trois têtes, un cheval à huit pattes… Elle peut évoquer l’homme sauvage, l’homme déformé, les animaux normaux qui s’adonnent à des activités anormales, les anges et les génies ailés. Elle désigne aussi les êtres hybrides, c’est-à-dire composés de deux ou plusieurs parties issues d’espèces différentes : les centaures, les sirènes, les satyres, les griffons…
L’hybridation est à l’origine même du monstrueux et sera par conséquent le seul volet de la monstruosité abordée dans cette exposition.
Au début des civilisations, ces êtres fantastiques ont un lien avec le Sacré en étant soit des dieux ou
des demi-dieux, des compagnons ou des attributs des divinités. Ils se retrouvent ensuite dans l’Ancien
Testament puis dans la Bible. Le Christianisme va apporter une dimension nouvelle, fortement symbolique, à ces créatures. Mais en aucun cas, il ne réfute leur existence.
Dans aucun cas, l’homme antique puis médiéval ne remet en cause l’existence de ces monstres qui sont définis par une apparence et un habitat au même titre qu’une girafe ou qu’un singe. Le ou les Dieux ont choisi de placer ces êtres sur la terre et l’homme le conçoit ainsi. Même si le surnaturel n’est pas toujours compréhensible, il s’explique par la volonté divine et devient alors admissible.
A la fin de la période médiévale, les grands voyages d’exploration font progresser la connaissance
du monde et reculer les terres inexplorées. Les progrès scientifi ques permettent une évolution des
mentalités par le besoin d’observation et d’expérimentation, ne se contentant plus de l’affirmation des
Anciens.
Peu à peu, les scientifiques réfutent l’existence des monstres qui sont exclus des ouvrages de zoologie et de théologie. Ils glissent dans l’imaginaire collectif que représentent les légendes et les contes de
fées.
Parallèlement, le monstre n’a jamais quitté l’architecture ou les arts décoratifs. Les Anciens distinguaient parfaitement l’être effrayant et le simple motif sculpté qui ne présente aucun danger. Les sculpteurs et enlumineurs médiévaux y trouveront d’ailleurs une source inépuisable d’inspiration.
Ignorés des ouvrages scientifiques à la Renaissance, l’hybride envahit les arts décoratifs et l’architecture.
Sous le prétexte d’un retour à l’antique, les satyres, centaures et tritons envahissent les façades et les
jardins, peuplent le mobilier.
Cet engouement persiste au XIXème siècle, en particulier dans les manufactures de faïence qui font du faune et du satyre des motifs récurrents. La fascination des Romantiques pour un Moyen-âge empreint de fantastique donne une place nouvelle à ces monstres, renforçant leur symbolisme. Les artistes de l’Art
Nouveau délaissent cet aspect au profi t d’un intérêt particulier à la possibilité créatrice qu’off rent
les formes monstrueuses.
Entrée libre
du mardi au dimanche 14h-18h
fermeture le 1er novembre,
les 25 – 26 décembre et le 1er janvier